Mathieu Ménard, lauréat du Prix Voltaire 2020
Mathieu Ménard, notre lauréat 2020, montre ici son engagement et son désir d’aller à la rencontre de ses contemporains. Il nous offre ainsi la série « Femmes de la halte » sous forme de triptyques. Cette présentation complexe et à la fois épurée des résidentes d’un foyer d’accueil de la région parisienne sonne juste.
Chacune, accueillies et quelques accueillantes, pose face à elle-même, de dos puis de trois-quarts. Ces ensembles se clôturent par l’image d’un objet important, vital, souvenir ou espoir, que ces femmes, invisibles de la rue, ont choisi de montrer.
Paradoxalement, c’est cet objet qui nous amène au plus intime de ces portraits et nous ouvre ainsi un peu les portes de ce qui les aide parfois à avancer…
D’une construction rigoureuse et sous une lumière adéquate surlignée d’un rouge vif qui renforce les liens de la série, « Femmes de la halte » est un reportage social pour lequel le photojournaliste n’a pas hésité à assumer l’esthétisme.
Ce propos comme cette forme nous ont séduit, car ils laissent une très forte impression d’empathie et de vérité, sans jamais tomber dans le piège du misérabilisme.
Le Prix Voltaire de la Photographie aura donc le plaisir d’exposer un extrait des séries finalistes et bien sûr la série complète de Mathieu MENARD, portraits de femmes isolées d’ordinaire invisibles, au sein de monuments nationaux prestigieux et ce, dès le 3 octobre.
Nous aimons imaginer le sourire du patriarche de Ferney, philosophe des lumières et humaniste tellement engagé, à l’idée d’accueillir chez lui une telle exposition….
© Mathieu Ménard
Mathieu Ménard
« La photographie me permet de matérialiser – par une approche tant esthétique que documentaire – mon engagement sur des sujets sociétaux qui me touchent particulièrement. »
© Mathieu Ménard
Ces femmes qui se montrent d’abord de dos, ce sont ces femmes qui vivent dans la rue et qu’habituellement on ne voit pas. Ce sont les « invisibles ». Par sécurité elles se cachent.
Le soir, elles viennent au foyer se ressourcer, se reposer. Elles y sont accompagnées et aidées pour aller vers une solution de logement pérenne et une nouvelle vie.
Aujourd’hui, ces femmes se dévoilent, posent face au public, montrent leurs visages et leurs personnalités. Dans ces triptyques, elles se révèlent de trois façons : de dos, de face et à travers un objet qui leur est cher.
Parmi ces « femmes de la Halte », il y a aussi celles qui tous les soirs, sont là pour accueillir celles qui sont hébergées, celles qui écoutent : les travailleuses sociales. Elles se sont également prêtées à l’exercice du portrait en triptyque, car toutes ces femmes ont quelque chose à montrer, à raconter d’elles-mêmes que les autres ne savent pas.